Cet article est proposé sous “accès public“.
Dans notre précédent article «Un investissement réussi commence par la fixation d’un objectif de rendement adéquat», nous avions préconisé une approche active en matière d’investissement: maintenir une faible exposition aux marchés pendant la plupart du temps et l’augmenter uniquement dans les moments de forte volatilité. Les professionnels de l’investissement qualifieront cette approche active de «market timing». Nous utilisons parfois le terme «d’allocation d’actifs tactique» pour décrire la décision d’augmenter ou de réduire l’exposition à certaines classes d’actifs à des moments «opportuns».
Nous aimerions souligner d’emblée que tous les professionnels de l’investissement ne croient pas que l’on puisse compter sur le «market timing» pour générer des rendements additionnels. C’est un fait qu’au cours de la dernière décennie, beaucoup d’investisseurs ont retiré des mandats aux gestionnaires de portefeuille “actifs” pour investir dans des ETF, peu coûteux, et souvent gérés de manière passive.

Chez Vierny Partners SA, nous ne prétendons pas pouvoir prédire quand un bouleversement de marché aura lieu. Qui aurait pu prédire que le rendement des obligations italiennes étatiques à deux ans passerait de taux négatifs à plus de 2% en quelques jours en mai 2018? Et qu’au début de février 2018, les indices de volatilité aux États-Unis exploseraient, entraînant l’effondrement du fond ETF XIV, puis ensuite des indices boursiers, qui cédèrent leurs gains de 3 mois précédents en seulement quelques jours? Qu’en est-il du Brexit? Ou de la BNS qui abandonnait son “cours plancher” en 2015? Ou encore l’effondrement des prix du pétrole à la fin de 2014, le «taper tantrum» de la Fed en 2013…
Nous assistons à des bouleversements dans différents secteurs du marché, avec une intensité variable, en moyenne deux fois par an. Chez Vierny Partners SA, nous considérons que c’est suffisamment fréquent pour justifier une sous-exposition pendant les périodes d’accalmies. Si de graves perturbations du marché ne se produisaient que très rarement, une sous-exposition la plupart du temps représenterait un manque à gagner et entraînerait des rendements inférieurs comparé à une exposition traditionnelle.
Exploiter les fluctuations de marché est certainement plus facile à dire qu’à faire. Avoir des liquidités et commencer à les déployer dès le début des épisodes de volatilité ne suffit pas à garantir le succès. Le plus gros défi consiste à décider de la durée du déploiement de ces liquidités. La peur et la cupidité peuvent empêcher un investisseur de déployer des liquidités: l’investisseur craintif peut être tenté de vendre plutôt que d’acheter des actifs ayant fortement baissé, alors que l’investisseur cupide peut décider d’attendre en espérant qu’il pourra acheter à des prix encore plus bas. Si vous vous retrouvez pleinement investi au début des bouleversements de marché, vous ne pouvez pas déployer des liquidités sans vendre un autre investissement au préalable. Et ce n’est généralement pas le bon moment pour vendre… les dilemmes sont nombreux et les comportements rarement rationnels!

Nous ne pensons pas pouvoir prédire avec exactitude la durée d’une phase de correction du marché, et nous ne pensons pas non plus pouvoir parfaitement identifier le plus bas d’un marché. En pratique, nous commençons à déployer des liquidités dès le début des perturbations de marché, quand les indices de volatilité montent, que les médias commencent à lancer des scénarios catastrophiques, et que les investisseurs commencent à nous appeler pour nous demander si nous devrions tout vendre. Le déploiement de liquidité est ensuite maintenu jusqu’à ce que nous ayons atteint l’exposition maximale autorisée du portefeuille, telle que définie dans le profil de risque du portefeuille, ou que les troubles du marché se soient atténués.
Le corollaire à cette approche en matière de déploiement de liquidité est une réduction de l’exposition une fois que le marché revient au calme. L’exposition a tendance à être naturellement réduite à mesure que les instruments financiers arrivent à échéance ou maturité. Lorsque les marchés, après s’être stabilisés, commencent à remonter, il faudrait procéder à la liquidation de positions avant échéance ou maturité et ainsi à un retour à une position de sous-exposition, propre aux périodes d’accalmie.
La vente de positions après le retour au calme se traduit généralement par une prise de bénéfices. Cette discipline est en effet une meilleure garantie de succès à long terme, plutôt que le comportement caricaturale d’investisseurs craintifs ou cupides, agissant de façon émotionnelle. L’investisseur cupide conservera lui ses positions pendant la reprise des marchés, dans l’espoir d’atteindre le sommet, alors que l’investisseur craintif se trouvera sous-exposé lors de la reprise, ayant vendu au lieu d’acheter.
Une autre conséquence logique à cette approche est la tendance à ne pas nous hedger: ce n’est que rarement que nous «achetons de l’assurance» pour atténuer les pertes en cas de correction. Nous trouvons une telle assurance trop chère, car souvent inutile, puisque les marchés évoluent «normalement» la plupart du temps. Parfois, nous agissons même comme contrepartie des acteurs du marché disposés à payer pour réduire la volatilité de leur portefeuille.
En résumé, nous saisissons la volatilité plutôt que la fuir
Cette approche de “market timing” basée sur la volatilité du marché ne doit pas être confondue avec l’approche dite “contrarian” de certains gestionnaires de fonds. L’approche “contrarian” consiste à adopter une position d’investissement contraire au consensus du marché, par anticipation – et donc en prévoyant Le Moment. Notre approche part de la constatation que des pics de volatilité dans les marchés se produisent assez fréquemment, et qu’ils ont tendance à s’atténuer avec le temps.
Cette stratégie d’investissement a bien fonctionné pour les clients de Vierny Partners SA ces dernières années. Particulièrement lors d’événements comme: l’abondon du «cours plancher CHF» de la BNS début 2015 ou pendant la forte baisse du marché début 2016.
Le cycle de marché actuel est fortement influencé par les politiques des principales banques centrales. Dans un prochain article, nous partagerons nos points de vue sur l’influence de ces politiques et sur la manière dont nous nous adaptons en utilisant la méthode expliquée dans le présent article et dans le précédent.
Share it on LinkedIn